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14 octobre 2016 5 14 /10 /octobre /2016 10:05

   L’année dernière, déjà j’avais hésité à aller faire Ironman Arizona, puis m’étais un peu dégonflé et avait décidé de faire le 70.3 Miami à la place. Cette année, je m’étais même inscrit à l’Ironman Mt Tremblant, pour finalement aller faire le 70.3 Timberman le même jour. Avec le recul, c’était la meilleure chose à faire vu ma forme durant l’été. Pour Barcelone, il n’y avait aucun plan B, j’ai donc dû aller au charbon.

   Mon entrainement a été assez minimaliste. Je n’ai commencé qu’au mois d’août à faire quelques sorties de vélo de 120-140km. Ce n’est qu’à trois semaines de l’épreuve que je suis réellement sorti de ma zone confort avec le 70.3 Weymouth (le 70.3 le plus dur que j’ai eu à faire jusqu’à présent) avec très peu de repos, puis trois jours plus tard un 4300m de nage, 139km de vélo et 8km de course allure ironman, puis deux jours après un 194km de vélo suivi le lendemain d’un 36km de course avec plus de la moitié allure ironman. Étant en vacances les semaines avant Barcelone, j’ai pu monter à 30h d’entrainement, avec de la qualité sur le vélo, ce que je n’aurais pas pu faire en temps normal à Montréal.

    Je redoutais ce genre de gros entrainement, et mon retour sur la distance était une réussite dans le sens où tous les gros entrainements se sont finalement très bien passés. Ensuite, j’ai adopté une philosophie  un peu particulière : je sais qu’il est presque impossible de sortir une bonne course à son premier ironman, et les exemples de pros qui se cassent les dents à leurs débuts sur la distance ne manquent pas. Je me suis donc résolu à avoir de gros objectifs (pour moi) sur la nage et le vélo et le début du marathon (au moins 10km). Cela a un peu influencé l’entrainement, car quand je fais les comptes, je trouve que je n’ai presque pas couru comparativement au vélo (70-80km de course contre plus de 500km de vélo les dernières semaines). Je considère ma philosophie particulière car j’aurais pu me dire que courir à 5’00’’-5’30’’/km aurait pu être un bon premier objectif de marathon. Mais ce qui m’intéresse, c’est de courir à la vitesse théorique de mon plein potentiel, quitte à exploser sur les premiers ironmans. Je veux voir ce que ça donne de courir à cette vitesse-là. J’ai l’impression que même si je courrais à allure constante un marathon en 3h30-45, je n’aurais pas appris grand-chose, en tout cas moins de chose que sur 15km à mon allure théorique. J’ai étudié plus tôt dans l’année (voir l’article sur Trimes), ce « plein potentiel », et il se trouve qu’il se situe à l’allure 70.3 + 32 secondes/km. Mon meilleurs temps sur 21km en 70.3 est de 1h21 (70.3 Tremblant 2015), soit 3’53’’/km de pace, ce qui situe mon marathon à 4’25’’/km. Mais cette année, je n’ai pas couru mieux que 4’10’’/km sur mes 70.3, donc le mieux que je pouvais faire cette année était de 4’42’’/km sur un Ironman. Bref, mon allure ironman en entrainement a été entre 4’25’’ et 4’42’’/km, et j’espère être en mesure de faire le marathon d’un Ironman à cette allure-là dans quelques années, tout en sachant, qu’il risque d’y avoir quelques ironman douloureux d’ici là.

   Bref, je me suis rendu sur la Costa Brava avec mon père, ce qui était une excellente chose car j’aurais été loin d’être capable de me taper seul les 5h de route pour rentrer après mon ironman. Mes objectifs étaient ainsi une nage sous l’heure, un vélo sous les 5h, afin d’attaquer le marathon au bout de 6h de course transitions comprises. Et ensuite, courir au moins 10km à mon allure d’entrainement. Le matin de la course, les pros seulement n’avaient pas droit à la combinaison, et j’étais moins confiant pour ma nage en mer en moins d’une heure. Heureusement la forte densité de pros a fait qu’après 300m seul et en surrégime, j’ai réussi à coller un groupe de 10-15 athlètes et profité du draft tout le long. C’est la première fois que je réussis à tenir un groupe et évidemment ça a été une opération gagnante pour moi puisque nous avons nagé plus vite que mon allure 70.3 en passant les bouées des 1000m, 2000m et 3000m sous les 15’, 30’ et 45’, soit un pace de 1’29’’/100m constant. Je m’attendais donc à sortir dans les 56’, mais le parcours faisait finalement 3950m, sans incidence sur mon objectif puisque je brise l’heure pour 20 secondes.

   Sur le vélo, après 3km sinueux en ville, le parcours était très roulant avec peu de dénivelé (1200m au total, soit ce qu’on aurait eu en faisant 2 fois le 70.3 Timberman). L’aspect mental était quelque chose que je redoutais, et en ne regardant que trois fois le compteur en 5h, j’ai trouvé que le temps a passé plus vite que sur certains 70.3. Toutes les côtes n’étaient pas bien méchantes, et la principale difficulté venait du vent de face sur les 40 derniers kilomètres de la boucle. Compte tenu du vent et des légères côtes, je n'aurais rien espéré de mieux que mes Falcon IV en 88mm. C’était compliqué de gérer son effort tout en voyant sa moyenne descendre mais je pense m’en être sorti en terminant la première boucle en 2h25 et en me sentant frais, et en faisant la deuxième en 2h30 en ayant pourtant l’impression d’être arrêté dans le vent de la fin. Côté nutrition, j’avais embarqué deux gourdes Pro Circuit et le plus possible de gels Pro Circuit sur mon vélo, quitte à en scotcher de partout (cadre, guidon) afin d’être presque indépendant côté nutrition. J’étais conscient que mon estomac ferait la gueule avec tout ce sucre, alors ma mère avait eu l’idée de faire un cake salé aux olives que j’ai coupé en tranches dans des ziploc et embarqué dans ma trousse avant. Mais finalement je n’ai réussi à ne manger que 2 tranches sur les 5, car j’avais plutôt envie de sucre sur le vélo, et de salé sur la course. Je pense néanmoins avoir bien négocié de ce côté-là, car je n’ai pas eu une seule crampe sur la course.

   En transition, je découvre de nouvelles douleurs (voute plantaire) lié à un 180km de vélo à presque 37km/h, et après une pause toilette, je démarre mon marathon en 6h01’, pile dans l’objectif ! A ce moment-là, le reste de ma course est presque secondaire tant je suis ravi d’avoir su fixer des objectifs réalistes et les réaliser. Je cours pile sur le pace (4’30’’/km) mais la sensation d’être complètement vidé me suggère une explosion atomique sous peu. Après 14km, je sors du pace d’entrainement et commence à être dans le dur. Initialement, je me disais que je finirais tranquillement au jog, mais apparemment sur ironman, lorsqu’on commence à casser, même le jog est douloureux. Après avoir fait la première boucle de 14km en 1h05, et la deuxième en 1h20 en souffrant, je m’arrête et me demande si ça vaut vraiment le coup de continuer : j’ai les jambes tétanisées, les mollets indolores d’il y a une heure sont durs et contractés, j’ai la nausée et même boire m’écœure. Je me dis que mon père est venu avec moi et je ne vais quand même pas faire un DNF et lui annonce au début de la dernière boucle que je vais finir à la marche. Je me fixe alors un objectif pour me motiver, car si je fais mes 14km en moins de 1h34’, soit du 7’/km, je vais casser le 10h. L’objectif semble vraiment facile en faisant du 50% course-50% marche, mais lorsque même la marche devient douloureuse et que je fais du 80% marche-20% course, les 10h s’envolent, mais ce n’est pas si grave, car j’ai le cerveau bien ailleurs à ce moment-là.

   Lorsque je franchis finalement la ligne, l’émotion est loin d’être présente comme à mon premier il y a 4 ans. C’est un peu comme si pour celui-ci je m’étais fabriqué une ligne d’arrivée pour la T2 seulement, et que je trouvais qu’il n’y avait pas de quoi être fier de s’être bousillé le corps pour terminer coûte que coûte. Ainsi pour le prochain, où j’espère cette fois faire au moins un 21km sur la bonne allure, il faudra que je me mette dans le crâne que le DNF est la meilleure chose à faire pour ne pas hypothéquer tout le reste de la saison. Car cela m’a pris 3 semaines avant de recommencer à jogger ou rouler avec de bonnes sensations, et certainement trois autres pour une récupération complète.

IRONMAN BARCELONA - 3,8KM+180KM+42,2KM

10h17'18''

Nage : 59'38'' (1'34''/100m)

Transition 1 : 3'33''

Vélo : 4h55'33'' (36,542km/h)

Transition 2 : 2'34''

Course : 4h16'00'' (9,890km/h, 6'03''/km)

394ème sur 2836 finishers

46ème pro.

Les photos ici.

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  • : Sacha Cavelier Triathlète
  • : Après une formation d'ingénieur en France ou je découvre le trail et l'ultra, je combine le triathlon élite à un doctorat de 2015 à 2020 au Canada. Maintenant papa et jeune chercheur universitaire, je suis modestement retourné a mes premiers amours, dans le mid-west américain quelques temps et maintenant en Australie. Ce blog raconte 15 années de vie sportive.
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