Alors que je ne supportais plus de passer ce weekend de Pâques de 4 jours à Montréal, d'autant plus que je constatais avec stupeur de la poussière qui s'accumulait sur mon vélo de route, je profitai des timides apparitions du soleil pour partir, ce dimanche 24 avril 2011, 8h, plein nord est, direction le Québec, sans carte ni GPS, mais avec le soleil et le fleuve St Laurent comme seuls guides.
Ainsi, j'ai pu enfin voir la fin de la rue Sherbrooke, longue de plusieurs dizaines de kilomètres. Cette rue m'a amené au pont pour sortir de l'ile de Montréal, et c'est ensuite la douce route verte, la route 138 qui m'a guidé tout au long du parcours.
La route 138, longeant le fleuve St Laurent la plupart du temps.
Cette route est un vrai délice sur la première centaine de kilomètres. Les villes se succèdent, Repentigny, Lanoraie, Berthierville. Puis, de longues lignes droites, éloignées du fleuve et à travers de gigantesques fermes rendent difficile le trajet. En arrivant à Louiseville, les grands bâtiments du style québécois et la proximité du fleuve remontent le moral.
Des bâtiments d'exception, à Louiseville.
Le nom des villes sonne tant français qu'indien, puisque se succèdent les villes de St Barthélémy, Maskinongé, Louiseville, Yamachiche, avant d'arriver à Trois-Rivières, et rappelle ainsi le mélange culturel d'une terre qui a vu passer des hommes venant de tous les recoins du monde. Je me sens un peu comme ces aventuriers européens, il y a plusieurs siècles, qui découvraient avec excitation les terres inconnues d'Amérique, surtout que la route 138 que je suis devient la Route du Roy, fondée en 1735, après quatre ans de construction et treize ponts, conduisant jusqu'au vieux Québec. Chargée d'histoire, elle est la plus vieille voie terrestre du Québec, et passe devant toutes les églises les plus anciennes de la région.
Je traverse l'espace et le temps.
J'atteins enfin la mi-parcours à Trois-Rivières, et m'accorde une demi-heure pour avaler un sac de pain de mie avec vingt tranches de mortadelle. J'en ai 135 derrière, il en reste autant devant.
Le sanctuaire Notre Dame du Cap Shrine, à Trois-Rivières.
Sur le St Laurent, canards et pétroliers se côtoient.
Passé Trois-Rivières, les pétroliers me tiennent compagnie, puis les nombreux canards, plus gros qu'en Europe, présent sur toutes les rives et tous les champs ou la neige en fondant alimente de grandes flaques regorgeant de nourriture. Je passe les villes de Champlain, Batiscan, à travers la Mauricie.
Beaucoup d'endroits où il ferait bon vivre, sur les rives du fleuves.
La route devient difficile vers le km 190. J'approche les deux cents, je ne suis pas fatigué, mais j'en ai un peu marre, et il en reste encore 80. Heureusement, je me fait doubler par un cycliste qui file à plus de 35km/h. Je fais l'effort de prendre son aspiration, et pendant 30km, nous filons à entre 35 et 40km/h, passant de nombreuses côtes et passages avec le vent de face. Je le remercie au km 220 à Cap Santé et continue seul vers Donnacona et Neuville, mais les passages les plus durs sont derrières. La neige se fait de moins en moins rare en se rapprochant de Québec.
Des paysages du Québec, encore sous la neige.
Puis la forte urbanisation fait son retour, les feux rouges, les trottoirs, les magasins. L'arrivée se hume, et il y a tout de même une touche de nostalgie qui se fait sentir, de regret que ce voyage est finalement était si court. Le soleil timide m'a tout de même offert un beau bronzage cycliste aux cuisses, en avril au Québec, qui l'eût cru ? Le port gelé de Québec met un point final. Je me sens chanceux d'avoir eu le privilège d'explorer et de découvrir autant de choses, comme cela n'est pas possible en bus ou en voiture.
L'arrivée au port de Québec, aux alentours de 19h.
Détails :
281,43km
10h41' pour couvrir la distance
mais 9h47'25'' passées à pédaler (sans les pauses)
soit 28,746km/h de moyenne
6314 kcal.

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