10 juillet 2011
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15:57
Le réveil sonne, je me lève, j'avale deux ou trois céréales, un peu de jus de fruits, je vais à la gare, saute dans le premier bus, je dors un peu... Tout s'enchaîne très vite, les gestes vont plus vite que mon cerveau ne l'ordonne, encore embrumé. Mais parce que maintenant c'est devenu une routine, ces gestes sont devenus des réflexes. Je me réveille. "Où est ce que je suis ? C'est quoi le plan cette fois-ci ? ". Puis j'aperçois à travers la vitre "Ottawa" sur un panneau. "Ah oui, c'est vrai, Ottawa - Montréal, bon, c'est parti".
Un peu plus de 200km. Une formalité à présent.
Et c'est ainsi que les premiers kilomètres défilent au rythme de mes tours de pédales. En sortant d'Ottawa, je suis parfois la route verte, qui devrait aller normalement jusqu'à Montréal. Je m'éloigne alors du plan que j'ai préparé pour suivre les pistes cyclables et les routes agréables de la route verte.

Je longe alors l'Ottawa River, où se succèdent les petits ports, puis un paysage plus sauvage. Le parcours est plat, le vent pas toujours favorable, mais cela suffit à me motiver à partir à la chasse à la vitesse moyenne. Pour passer le temps, je cherche à me rapprocher constamment des 30km/h de moyenne. Je retrouve la route verte 30km après l'avoir perdue et passe les petites villes sans m'y arrêter : Plaisance, Papineauville, Grenville. Puis, à environ une centaine de kilomètres de parcouru, je crève. C'est vrai que statistiquement, j'avais été plutôt chanceux de ce côté là, et donc il était normal que cela arrive un jour ou l'autre. Je change donc la chambre à air, mais perds du temps. Or, il est bientôt 16h, et je carbure depuis le départ à coup de barres de céréales
. Il me faut quelque chose de plus consistant pour tenir, mais je ne veux pas encore perdre du temps en m'arrêtant. A la première baraque à frite, je m'achète hot dog, hamburger, sandwich... pas de quoi s'ouvrir le ventre, mais de quoi mettre du gas dans la machine. J'ai d'ailleurs failli dire "le plein, s'il vous plait" à la commerçante, sans descendre du vélo. Et pour ne pas gaspiller encore du temps, j'accroche le sac à mon guidon, et prend mon lunch tranquillement en tournant les jambes.

Si les eaux du lac Kénogami avaient su soulager ma gorge sèche la semaine dernière, je doute de rentrer vivant à Montréal après avoir bu quelques lampées de l'Ottawa River. Je préfère donc m'arrêter dans un camping pour dérober quelques malheureux litres d'eau dans les toilettes. Vers la fin du voyage, je m'offrirais même le luxe de deux litres d'Ice tea bien remplis de sucre, en me faisant arnaquer par deux chinois.


Je rentre alors sur l'ile de Laval. La route verte semble se diriger vers le nord, et je la quitte pour suivre plutôt le bord de l'ile vers l'est. Je lève les poings au ciel sans un bruit comme si je venais de gagner un étape du Tour de France lorsque mon compteurs affiche la barre symbolique des 200km, pendant quelques secondes, puis repose mes mains sur mon guidon. Je demande ma route à un cycliste pour aller sur l'ile de Montréal, et je la partage finalement avec lui sur 10km. Il m'abandonne alors à mon sort une fois rendu sur cette gigantesque bande de terre au milieu du fleuve du St Laurent. Je n'ai alors plus qu'à aller plein sud pour retrouver des rues familières, et pour finalement atteindre mon but, le plus bel endroit du monde, le 4072 rue Dorion. Les ralentissements dus à la ville ont finalement fait chuter ma moyenne, mais je ne suis pas fâché de manger mon poids en pâtes, saucisses, légumes, melon, pizza et gâteau en arrivant au bercail.
Le soir, en grattant sous la douche ma couche de crasse comme un archéologue, je découvrais de magnifique traces de bronzage cycliste, seul souvenir de cette fabuleuse traversée. Car même les jambes ne s'en souviendront plus le lendemain lors du 10km de la coupe Dix30, en 37'45'', à 15 secondes de mon record personnel.
Published by sacha-cavelier-endurance-run
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Récits de défis de vélo de route
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