Cet inoubliable périple de 1528,6km à travers toute la métropole reste le plus long que j'ai tenté, et aussi ma quatrième randonnée cycliste, la troisième avec Bruno Burtschell, toujours tente et sacs de couchage sur le dos, avec une carte de France et le soleil dans la face pour seul guide... "plein sud".
L'objectif était de rallier la ville la plus au nord de la France à celle la plus au sud. Nous nous sommes donnés rendez vous, ainsi, avec Bruno, à la gare de Dunkerque, à 13h le 7 août 2009. Et lorsque nous nous sommes trouvés, nous nous sommes demandés pourquoi est-ce qu'il faut toujours que l'on se revoit jamais autrement qu'à l'autre bout de la France, dans une gare. Puis nous sommes montés sur nos montures et nous sommes partis.
Il nous aura fallu 8 jours et beaucoup de rebondissements pour effectuer les 63h56' de selle, soit une moyenne de 23,91km/h et 8h de vélo par jour, avec environ un peu moins de 200km par jour. Mais ce qui nous a freiné n'a pas été la fatigue mais plutôt trouver chaque jour un endroit pour dormir, pour se laver, pour trouver de la nourriture... des pertes de temps folles. Lorsqu’on est ni en train, ni en voiture, mais en vélo, lorsqu’on a rien d’autre à faire que de voir le paysage défiler, on se rend compte tant de l’immensité du territoire que de la diversité des paysages qui défilent au fil des jours.
En gros, les villes traversées furent : Dunkerque - Bray-Dunes - BELGIQUE - Arras - Château Chinon - Roanne - St Etienne - Annonay - Valence - Montélimar - Nîmes - Montpellier - Béziers - Narbonne - Perpignan - Cerbère - ESPAGNE - Perpignan
Donnons un grand merci à Bruno qui m'a suivi jusqu'à Perpignan, un grand bravo à Guillaume qui nous a accompagnés de Montélimar à Béziers malgré la chaleur.
Après un départ de Dunkerque, puis après avoir suivi la route vers le nord sur quelques kilomètres jusqu'à Bray-Dunes, la ville la plus au nord en France, nous touchons la Belgique. Tous les périples ont un début et une fin. Surtout un début, parfois une fin, en fait. Ce jour là, nous avons touché l’eau de la manche, nous avons touché la Belgique. L’objectif est d’aller toucher l’eau de la Méditerranée, à Perpignan. Cette photo est fausse, elle ne montre pas la réalité, elle cache le doute qui nous envahit lorsque nous voyons le panneau belge et prenons conscience de là où nous sommes, et de ce qu’il reste à faire.
La ville la plus au nord de la France. Dans 8 jours je serais à celle le plus au sud, avant la frontière espagnole.
L'euphorie de la première centaine de kilomètres parcourue, en un après midi.
Deuxième et dernière crevaison du périple. Pas si mal sur 1550km.
Il a fallut parcourir les centaines de kilomètres de champs du nord de la France. On se sent si petit lorsque les champs se succèdent à l’infini. Ces deux photos montrent la solitude du cycliste dans des territoires hélas désertés l’été, mais aussi sa petitesse face à l’immensité du territoire.
Nous tenons une moyenne d'un peu moins de 200km par jour, finissant parfois la route à la frontale, et partant toujours à l'aube.
Sur les routes du nord, pendant 600km nous rencontrons toujours le même paysage : des champs, des champs, et parfois une ville, déserte. Les rares habitants sont des vieux qui nous accueillent chaleureusement, nous offrant même à manger. Nous sommes les seuls touristes du nord.
Puis en Auvergne, un paysage de montagne apparait, jusqu'à St Etienne. Enfin du changement.
A St Etienne, à la mi-chemin, nous nous offrons une grosse bouffe à mon appart' vers 15h. Nous prenons route ensuite vers le seul col de la traversée, le col de la croix de Chaubouret.
Le col en question permet de descendre ensuite jusqu'à Valence. Peu après Valence, je me casse ma prothèse dentaire, qui était restée gentiment collée depuis trois ans. Soudainement, les villes du sud sont très animées, par rapport au nord, le contraste est flagrant. Le climat et la végétation du sud apparaissent enfin. C'est un cap.
Vers Montpellier, les places en camping se font rares, surtout le weekend du 15 Août. Nous ne sommes même pas arrivés à dormir chez l'habitant, l'accueil étant moins chaleureux que dans le nord. Nous sommes trois sur la photo, Guillaume nous ayant rejoint à Montélimar. Il nous quittera à Béziers, ne pouvant suivre le rythme. Les vignes nous fournissent le raisin quotidien, gratuit, pour supporter la chaleur.
Les 4 dernières nuits se font à la belle étoile, trop de flemme de monter la tente. La chaleur fait souffrir Bruno, peu habitué à ce genre de climat. Nous rencontrerons d'autres cyclistes amateurs de diagonales à travers la France.
Les étangs de sel vers Perpignan : des paysages magnifiques qui contrastent avec les échangeurs autoroutiers et les touristes caractériels, à quelques kilomètres de là. Nous sommes dans l’Hérault, après Montpellier. Ce jour-là, le temps presse, car la nuit tombe et il faut trouver un camping, et pourtant, lorsque nous apercevons le soleil se couchant sur ces étangs de sel, nous nous arrêtons sans un bruit, sans un mot, et nous ne pouvons nous empêcher de contempler de spectacle. Il est grandiose. Tant pis pour la nuit et tant pis pour le camping. L'instant est magique.
Perpignan... Dire que ma dernière baignade remonte à celle de la manche, il y a 8 jours. Bruno y prendra le premier train pour rentrer, et je finirais l'aventure jusqu'à la ville la plus au sud de France, Cerbère, puis l'Espagne, en solitaire.
Enfin... Perpignan... 8 jours que nous rêvions de ce panneau. Plus que 50km avant l'Espagne, sur une route magnifique entre montagne et mer. Mais ma dent cassée s'est infectée, et je passerai la journée à sentir la douleur qui augmente. Je ne dormirai pas de la nuit, n'ayant absolument rien pour calmer la douleur. Le lendemain matin à 9h, je demande un doliprane à un touriste avant de prendre le train... train qui restera bloqué 6h sur la voie à Bordeaux, un câble ayant pété à cause de la chaleur. J'arriverais à minuit à La Rochelle, la bouche ayant doublée de volume, à la maison de location de mes parents pour les vacances, direction : les urgences.
Détails :
1528,6km
63h56' pour couvrir la distance
soit 23,909km/h de moyenne.
