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Sacha Cavelier Triathlète

15 ans de triathlon et d'ultra-trail en Europe, Amérique du Nord et Australie.

Rock'n'Roll marathon de Montréal - Dimanche 23 septembre 2012 - Montréal, QC, CAN - 2h58'

11 299427 10151111391943853 239095177 n   Il fallait être un peu fou pour vouloir améliorer un record de plus de 20 minutes sur marathon, et par la même occasion aller briser le trois heures. Mais voilà, mon amie Marie-Caroline ayant décidé de courir celui-là en 2h56, et étant pour la première fois un coureur invité sur une course, je n'avais pas d'autres choix que de l'accompagner. Mon contrat était clair, je me devais de tout donner pour garder le pace de 4'10''/km sur les 32 premiers kilomètres puis après je déciderais si j'allais accélérer ou bien m'effondrer sur le pavé. En tout cas, pour mettre toutes les chances de mon côté, dès la saison de triathlon finie, j'ai fait quelques sorties longues de marathon. Je les ai même bien faites, ce qui m'a mis en confiance. J'ai même fait des cauchemars ou je me perdais pendant le marathon dans la nuit du samedi au dimanche, ce qui m'a encore plus mis en confiance. Bref, pour la première fois le marathon revêtait une saveur de Rock'n'Roll, et moi pour la première fois je voulais briser le 3h une bonne fois pour toute.

   J'ai dégusté chaque moment de cette course, et même d'avant-course. Mon dossard n°8 me donnait accés aux premières lignes, à quelques dizaines de centimètres des africains. BIen que le temps était idéal, une multitude de doutes m'assaillaient le matin de la course. Est-ce que j'allais encore m'effrondrer comme tous mes autres marathons ? Mais la treizième prise allait être la bonne. Moteur, on tourne.

400889 10151092485187736 924119675 n   A 8h30, le départ est donné. Même si les premières centaines de mètres sont 4en descente, avec Marie-Caroline, nous nous plaçons dans le pace. 4'10''/km. C'est une chasse métronométrique qui s'ensuit alors, passer chaque kilomètre à la seconde près, en 4'10'', pas une seconde de plus, pas une de moins. Mélangés aux coureurs du demi-marathon, nous traversons l'île St Hélène, la piste de formule 1, puis prenons le pont Victoria. Je joue mon rôle de lapin en me plaçant face au vent, mais suis également bien aidé de Martin, de mon club, le club des vainqueurs, apparu comme par magie au kilomètre 12. Il a décidé de courir son entrainement avec nous, et est une aide formidable. Marie-Caroline, elle, a préparé un plan méticuleux, dont elle me fait profiter parfois : elle a rendez-vous sur certains points du parcours pour ses ravitaillements personnels, desquels je profite, et au fur et à mesure que nous progressons, les lapins du club des vainqueurs viennent se scotcher à nous. En arrivant sur l'île de de Montréal, le public commence à s'ammasser, et les encouragements pleuvent. Sans trop de difficultés, nous approchons du kilomètre 21. C'est un train qui s'est formé, composé de moi, Marie-Caroline, trois paceurs du club des vainqueurs (Martin, Steve et Emmanuel), ainsi que d'autres coureurs de la course profitant de la précision de notre allure.

558545 10151251285696514 951997808 n   Au kilomètre 20, je suis obligé de faire une pause toilette, qui me fait perdre exactement 45 secondes. C'est le retard sur la locomotive vainqueurs avec lequel je passe la mi-parcours. 1h30'01'', mais les grosses côtes, comme celle de la rue Berri, sont derrière nous. Je choisis de brûler un alumette pour rattrapper le train, et je fais la jonction trois kilomètres plus loin. Avec le recul, rattrapper 45 secondes en trois kilomètres est suicidaire sur un marathon, mais il fallait que je sois dans un wagon pour ne pas avoir à courir tout seul, ce qui m'aurait fait perdre beaucoup de temps. Le feeling au sein du groupe est incroyable. Le temps passe vite, et les demi-marathoniens ayant terminé, les rues nous appartiennent. We own the town. Je commence à sentir des douleurs dans les cuisses vers le trentième kilomètre, ce qui me décide à ne pas accélérer au kilomètre 32. Il faut dire que nous sommes un peu plus rapide qu'au départ, plus en 4'00'' ou 4'05''/km à présent. Mais je ne veux pas ralentir pour autant, je veux rester dans l'aventure. Malgré la dynamique du groupe, les kilomètres passent de plus en plus lentement, et chaque pas devient un peu plus douloureux. Je commence à compter les kilomètres et j'ai de plus en plus de mal à ne pas me faire décrocher de la locomotive.

376537 10151082127718786 1693712467 n   Au kilomètre 36, le train perd un wagon. Je ne peux rien faire, 11-copie-1je suis à 100% de mes capacités, et je vois mes collègues s'éloigner doucement. J'ai 20 secondes de retard à 5km de l'arrivée, et l'agonie va être longue. Je tombe à 4'20''/km pendant deux kilomètres avec la sensation d'avoir mes deux cuisses explosées, comme si chacune d'elles avait reçu un obus. Au kilomètre 39, je ne sais même pas si je remarcherais un jour après cette épreuve. J'ai des fourmis dans les cuisses et je cours comme un pantin désarticulé. Du kilomètre 40 au 41, chaque mètre est une abomination. Même dans le dernier kilomètre, passer d'un coin de rue au suivant est comme gravir l'Everest. Je suis tombé à 5'00''/km. Je suis dans une bulle que même les cris des spectateurs à l'aire d'arrivée n'arrivent pas à percer. Je suis dans le même état psychique que le canard qui continue à courir sans but après qu'on lui ait coupé la tête.

3   Mais à 200m de l'arrivée, mon but apparait. Affiché de chiffres rouges sur le haut de l'arche, je vois un 2h58. Mon 2h58. Face à la beauté du nombre, je lève les bras en ciel en continuant de courir. Mes cris sont sincères. Il fallait tout donner pour l'atteindre, j'ai eu le la force de ne rien retenir. Je franchis la ligne d'arrivée en 34ème position.

   Quelques mètres plus loin, je suis effondré dans l'herbe. J'ai beau fermer les yeux, il y a ce 2h58 que je vois continuellement. C'est le salaire de ma souffrance, un salaire que l'ont garde jsuqu'à la fin de sa vie. J'ai l'impression que sur mon lit de mort je verrais encore clignoter ce 2h58. Marie-Caroline a franchi la ligne 3 minutes avant moi, et une grande fierté se lit derrière nos joues rouges. Même après treize marathons, ça n'a jamais été aussi vrai :  When you cross the finish line, it will change your life forever.

261994 10151092485662736 766597760 nROCK 'N' ROLL MARATHON DE MONTREAL- 42,195KM

Temps : 2h58'07''

14,214km/h, 4'13''/km

34ème sur 2757 partants

4ème homme 18-24 ans.

Les photos ici.

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