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18 septembre 2023 1 18 /09 /septembre /2023 21:07

Au bout de quelques kilomètres, alors que le sentier prenait enfin de l'altitude en traversant un un pré de vaches, le soleil levant orange dévoila la large vallée jaunie par le climat sec. Le brouillard du matin, à peine percé par la cime des eucalyptus, masquait les constructions humaines. Il n'y avait plus rien. Ou plutôt tout. Tout ce que les locaux avaient pu sauver des projets miniers et gazeux, déroutés, qui avaient essayé de s'emparer du décor dix ans auparavant. Deux montgolfières trahissaient la présence de l'être humain. C'est lorsqu'un groupe de kangourous, dérangés par ma présence, coupa ma route que je réalisai que ce spectacle resté hermétique à la marche du progrès et au développement économique dépassait tout ce que j'avais pu m'imaginer sur l'Australie.

Les montagnes ceinturant le lac Wyaralong dans la région du Scenic Rim offrent un spectacle à couper le souffle. Elles donnent un point de vue dominant sur une région à la végétation très sèche, voire désertique, pourtant située à quelques dizaines de kilomètres de zones de forêts tropicales. Je n'avais aucune idée à laquelle m'attendre lorsque j'ai embarqué dans cette course encerclant le lac en passant par tous les sommets, et la surprise n'en a été que plus belle.
La course ne s'est pas déroulée sans son lot de difficultés. Un débalisage malveillant a transformé un tronçon de 5km, après une heure de course, en partie de course d'orientation pour les 15 premiers dont je faisais partie. C'est une sorte de deuxième départ que l'on a pris au km 14, lorsque les balises correspondaient enfin de nouveau à la trace GPS.
Pour la première fois de ma vie, j'ai décidé de tester l'utilisation de bâtons. Heureux hasard, étant donné le dénivelé généreux, mais aussi la raideur des pentes, ces derniers ont sauvé ma course. Dès la première ascension (sur quatre), j'ai senti que cela m'avait pas mal tapé dans le système.
Par la suite, une succession de chemins roulants nous a emmené à mi-course au bout de 4h, laissant sournoisement penser à un finish en 8-9h. C'était évidemment une grave erreur, le soleil commençant à taper, et les ascensions devenant de plus en plus difficiles.

Cette course a ceci de fourbe qu'on pense toujours toucher au but pour se rendre compte plus tard que le chemin est encore long. Au dernier ravitaillement, à 10 km de l'arrivée, on se dit que c'est bientôt plié. Mais la dernière ascension, d'une falaise complètement abrupte (que je n'aurais jamais pu franchir sans bâtons compte tenu du niveau de fatigue a ce moment-là), suivie de kilomètres très technique dans les roches de la crête, auront pris rien qu'à eux la bagatelle de 2h30. Dans la descente vers l'arrivée, vertigineuse, mes quatre points d'appuis m'ont permis de gratter une place, en doublant quelqu'un descendant à quatre pattes à reculons.

Bref, le privilège de courir dans des paysages magnifiques est quelque chose qui se mérite. Cela reste l'un des trails les plus difficiles mais aussi les plus beaux que j'ai eu la chance de courir.

 

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  • : Sacha Cavelier Triathlète
  • : Après une formation d'ingénieur en France ou je découvre le trail et l'ultra, je combine le triathlon élite à un doctorat de 2015 à 2020 au Canada. Maintenant papa et jeune chercheur universitaire, je suis modestement retourné a mes premiers amours, dans le mid-west américain quelques temps et maintenant en Australie. Ce blog raconte 15 années de vie sportive.
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