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26 septembre 2011 1 26 /09 /septembre /2011 14:53

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   Déjà trois triathlons dans le corps depuis mon inaugural en juin 2011, mais toujours aucun sur le vieux continent. Il était évident que cet IronMan 70.3 qui allait lancer sa première édition à Aix en Provence, à 50 km de ma ville natale, sonnait comme un signe du destin, comme une provocation, même. Deux semaines après celui de Montréal, me voilà embarqué dans une nouvelle aventure, sur la terre qui m'a vu naître.
240911-1302   Malgré leur prix, les triathlons du label IronMan sont un plaisir à courir tant l'organisation est pensée jusque dans les moindres détails. Je passe ma journée du samedi avec les 1250 autres athlètes à déposer à Aix en Provence mes affaires "run", puis à Peyrolles mes sacs "swim" et "bike" ainsi que ma monture en question. 800 bénévoles se chargeront de faire en sorte que l'on trouve bien nos affaires à chaque transition. Le label IronMan flashe dans tous les sens et met dans l'ambiance des grands jours. Puis, le temps de retrouver l'ami Alexandre DeLayre pour boire un sirop de menthe et c'est l'heure de dormir, ou tout du moins d'essayer, un samedi soir dans une ville aussi agitée qu'Aix.

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   Puis vers 3h du matin, les bruits de la rue se taisent. Je comprendrais pourquoi au réveil, à 4h55 : il pleut des cordes ! mon moral tombe au plus bas, du soleil avait été prévu jusqu'à hier soir, et voilà que le temps casse l'ambiance. Je n'ai rien prévu pour la pluie et je ne me vois pas me jeter dans l'eau à 20°C ce matin, ni enchainer avec 90km de vélo sous la pluie. Mais je pars tout de même en Tshirt, dans la nuit, sous la pluie, rejoindre le bus qui dois partir à 5h30 pour nous mener à Peyrolles où aura lieu la natation.
   Et heureusement, le pluie cesse à notre arrivée. Les vélos, au chaud sous leur housse de protection, hénnissent de nervosité. Elles sentent les matins des grands jours ces bêtes là. Le temps de faire l'inspection traditionnelle du mien, d'enfiler la combi, et me voilà sur la plage du lac avec les 1250 autres athlètes pour assister au départ des pros, qui partent 5 minutes avant la masse... En parlant de masse... Ce sera mon premier mass start, et je redoute de savoir ce que ça va donner. J'ai toujours fais des triathlons avec des départs par vagues successives par tranche d'age, mais aujourd'hui, je vais devoir me jeter dans la foule des 1250 bonnets bleus. Heureusement, Alexandre est là pour me conseiller. "Distribue des beignes. Moi je fous des baffes à tous ceux que je croise, et au bout d'un moment, je suis seul dans un cercle de 2m de diamètre. Bon je te laisse, je vais en première ligne, c'est là où ça va fighter le plus". Bon, bin merci Alex.
3   Et puis soudainement le départ est lancé. Je pars en arrière du groupe et entends déjà le son des battements de bras lorsque j'avance sur la plage. La dernière chose que je perçois avant de m'enfoncer dans l'eau fraiche est les paroles du speaker : "Regardez cette bataille, cette machine à laver ! C'est ça, le IronMan !". Et puis je sombre dans les cliquetis aquatiques.
   J'en ai pour mon argent. Je reçois souvent une baffe de la gauche, parfois un type me passe carrément sur le corps de la droite. Mais l'époque où je subissais est enfin terminée. j'ai à présent beaucoup plus d'aisance dans l'eau et je ne me laisse pas impressionner, je distribue autant que je reçois, et surtout je double en me faufilant entre les gens, quitte à en bousculer deux ou trois. J'ai l'impression d'exploiter bien plus mes capacités qu'à Montréal, d'aller plus vite. Involontairement, je prends même les virages à la corde. Je prends du plaisir et me retrouve bien vite à la fin de la nage. Je constate avec stupéfaction que j'ai nagé sous les 30 minutes. je déchanterais le soir lorsque je me rendrais compte qu'en réalité il manquait 200m au parcours nage pour atteindre les 1,9km caractéristiques des IronMan 70.3, mais la joie du moment devient un carburant pour parcourir pieds nus les 500m qui nous séparent des vélos. C'est parti pour environ 3h de découverte de la signification du mot "monter".
Slideshow-10080 02129   Je parcours rapidement les 10 premiers kilomètres de plat, à plus de 40km/h, porté par l'ivresse du moment. Puis commence la première difficulté, le premier col. Il y en aura 5 en tout avant d'arriver à Aix en Provence, 5 montées bien raides d'entre 3 et 8km à chaque fois, autours de la montagne de la Sainte Victoire. Les prochains kilomètres de plat seront dans la ville d'Aix. Mais j'aime monter, donc je fais l'effort. En fait, je ne sais pas ce que je n'aime pas. Si c'est dur, j'adore, difficile de me décourager. Et pourtant, j'ai bien eu envie de me taper la tête contre un pin de la pinède lorsqu'au kilomètre 30 mon pneu avant a crevé. Plutôt que de perdre du temps à changer la chambre à air, je préfère balancer une bombe de produit anti crevaison à l'intérieur pour gagner du temps. Mais le trou devient une crevaison lente qui m'oblige à regonfler tous les 20km. Mais je persiste et préfère faire de courtes pauses tous les 20km plutôt qu'une grosse pour changer la chambre à air, qui casserait mon rythme. Lorsque je dépasse dans les côtes au son des "Nice !" encourageants (il n'y a que 500 coureurs français aujourd'hui), c'est pour entendre "Again ?" lorsque je regonfle au sommet avant les descentes.
   Les kilomètres défilent et j'arrive au deuxième ravitaillement. Un homme dans une civière de pompier m'indique de ralentir. J'ai laissé le premier ravitaillement, alors je prends cette fois-ci une gourde. Mais après quelques kilomètres, je ne sais que faire de cette gourde vide, mon vélo étant déjà un garde-manger rempli de gourdes et de barres de céréales.  Je ne veux pas la jeter dans la nature, et je décide plutôt de la donner à un gamin qui serait ravi d'avoir une gourde Powerbar, puisqu'ils sont nombreux dans les villages qu'on traverse. Dans le suivant, j'aperçois un gamin et sa mère sur un trottoir. En passant, je jette ma gourde à deux mètresSlideshow3 d'eux pour éviter de leur faire peur et crie "Tenez, c'est cadeau!". Mais quelques secondes plus tard, j'entends la mère hurler : "Va te faire foutre, connard !". C'est désolant de constater une fois encore qu'en France, contrairement au Québec, la bêtise des gens les pousse à prendre la moindre chose comme une agression. Comme si j'avais rien d'autre foutre pendant mon IronMan 70.3 que d'agresser les spectateurs. Bref, après avoir ri un bon coup, j'ai 0080 06464basculé pour la dernière descente vers Aix. Après quelque virages serrés, l'odeur de la fin se fait sentir. Dommage de quitter ce fantastique milieu naturel. Mais si les mauvaises nouvelles n'arrivent jamais seules, les crevaisons non plus. Et à 500m du finish, c'est au tour de l'arrière de se dégonfler. Je finis donc complètement sur la jante, à 10km/h, jusqu'à l'arche de la fin du vélo, avant de la lancer à un bénévole. J'ai parcouru les 90km en 2h53', 2h45' même d'après mon compteur si on enlève les pauses de regonflage. Je ne suis pas peu fier de la performance, mais troque bien vite ma prétention contre ma paire de chaussures qui m'attend là depuis hier soir. Et je m'élance dans les rues d'Aix, complètement fermées, pour 21,1km...
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   Je fais le tour du rond point de la Rotonde, la célèbre fontaine d'Aix en Provence,0080 09759 immense carrefour de circulation, complètement entourée de barrières aujourd'hui, et à la merci de l'armée de triathlètes. Comme à mon habitude j'imprime du rythme. La boucle de 7km est à faire trois fois, et je passerais donc trois fois à ce rond point. C'est un régal de voir tout ce monde le long du parcours. J'utilise ma technique habituelle, marcher quelques secondes à chaque ravitaillement, pour boire un ou deux verres de boisson énergétique, et emporter un gel que je prendrais petit à petit jusqu'au prochain ravitaillement, pour amener un flux continue de sucre. J'ai posé le vélo après 3h34' de course, et j'ai déjà bien puisé dans les réserves, il faut que j'apporte du sucre dans la machine si je veux finir ces 21,1km. Ma méthode fonctionne bien, je parcours la première boucle en 27'. 0080 11423Un peu rapide même ! En fait, j'apprendrais le soir que la boucle faisait 6,5km au lieu de 7. Ce sera donc 19,5km au lieu de 21,1... Décevant, au prix où on paye l'inscription, il pourrait y avoir les distances exactes ! Lors de ma deuxième boucle, durant le passage dans un parc un peu boueux (ou bouetteux), j'entends des "Allez Alexandra !" du public, et me  fais doubler par Alexandra Louison, une triathlète professionnelle qui en est à son dernier tour. Son physique est impressionnant, la moitié de ma taille, 40kg, des muscles fins et affutés, on a l'impression que ses pieds ne touchent pas le sol lorsqu'elle court, elle semble voler sur le sol. J'effectue ma boucle en 29'. Je suis bien décidé à reprendre un bon rythme pour en finir avec ce dernier passage, surtout que je double énormément de monde qui craque. Je donne tout, et puis même si je n'y croyais en pas en descendant du vélo, l'objectif du sub 5h se dessine peu à peu, à condition de rien lâcher. Je fais un peu la grimace, mais paradoxalement, je trouve la fin moins dure que lorsque je cours un demi marathon classique, peut être grâce à l'effet des endorphines. J'aperçois enfin le rond point de la Rotonde, signe du finish. 28' pour cette dernière boucle, soit 1h24'55'' pour la course à pied (bon, la distaance est un poil courte). Je profite au maximum de ces derniers hectomètres entourés par les barrières IronMan, il n'y a que trop peu de moment comme celui là dans l'année, alors j'essaie de transformer ces dernières secondes en minutes. J'entends mon nom au micro, et regarde sur ma montre, 4h58'. Je passe sous l'arche d'arrivée en criant un bon coup les poings serrés.
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   Il y avait beaucoup de niveau aujourd'hui, je suis 17ème dans ma catégorie, bien loin de la 4ème place que j'avais fait à Montréal. Devant moi, des athlètes de toute l'Europe, tout le monde est venu finir sa saison à Aix. Un peu de déception, mais je suis content de figurer dans le premier 1/5ème des finishers. Et puis si j'arrive à réitérer une performance de ce type sur d'autre demi IronMan, comme le Mooseman que j'avais fait en juin, je peux prétendre à un podium dans ma catégorie. Alors je sais ce qu'il me reste à faire pour 2012. De plus, si je prends autant de plaisir à finir une course comme celle-ci, j'aimerais vraiment savoir ce que ça donnerait sur un IronMan... Mais pour le moment, je prends une bière (tiens, la première de l'année) avec l'ami Alexandre pour fêter l'arrivée, la fin de la  saison, et penser un instant aux milliers de coureurs qui s'élancent à cet instant précis sur le marathon de Montréal, avec beaucoup d'amis parmi eux.
319243 2208157001386 1171260735 32060373 1434702635 nIRONMAN 70.3 FRANCE PAYS D'AIX - 1,9KM+90KM+21,1KM

4h59'05''

Swim : 30'11'' (1'35''/100m, 404ème après Swim)

Transition 1 : 7'33''

Bike : 2h53'19'' (31,157km/h, 413ème après swim+T1+Bike)

Transition 2 : 3'07''

Run : 1h24'55'' (14,909km/h, 4'01''/km, 288ème classement final)

288ème sur 995 arrivants

17ème men 18/24 ans.

Les photos ici.

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  • : Sacha Cavelier Triathlète
  • : Après une formation d'ingénieur en France ou je découvre le trail et l'ultra, je combine le triathlon élite à un doctorat de 2015 à 2020 au Canada. Maintenant papa et jeune chercheur universitaire, je suis modestement retourné a mes premiers amours, dans le mid-west américain quelques temps et maintenant en Australie. Ce blog raconte 15 années de vie sportive.
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