T.O. est une ville qui semble regorger d’énergie, une ville protégée de la crise. Une ville à la terre fertile où d’énormes buildings poussent un peu partout. Elle s’étend à perte de vue, des centaines et des milliers de rues bien rangées et ordonnées. Je n’y avais jamais mis les pieds, en fait à part Montréal, c’est la première grande ville d’Amérique du nord que je découvre. J’ai jusqu’à présent été bien plus attiré par les trails et triathlons dans les parcs naturels, mais mes deux marathons annuels me permettent de découvrir le milieu urbain occasionnellement.
Ce marathon-là, bien que je l’aie assez bien préparé, je vais le courir aux sensations, puisque mon objectif était un temps canon sur le demi-marathon de la semaine dernière. C’est Laurent qui m’accompagne depuis Montréal. Lui, a un objectif bien défini : briser le 2h40. Assez incroyable de la part d’un gars qui court 50km par semaine et ne fait jamais d’intervalles, à part les courses de fin de semaine. Assez incroyable aussi quand on sait qu’il a dormi une heure de vendredi à samedi à cause de son travail, et 5 ou 6 heures de samedi à dimanche, ou lorsqu’onvoit que le samedi il carbure aux burgers, et le dimanche matin, démarre ses marathons au pace 10km, pour ensuite tougher sur les trois quart du parcours. Bref, j’en apprends beaucoup de ce week-end, et je décide de faire tout le contraire de ce que Laurent fait pour être sûr d’être au mieux le dimanche.
Pour cette course-là, j’ai choisis de courir avec mes Zoot Kalani. Elles sont censées être des light trainers spécialement conçues pour les longues sorties de courses. La semelle est un peu plus épaisse, avec là aussi une plaque de carbone à l’intérieur pour favoriser une bonne dynamique. Mais elles sont tellement confortables, que pour ce marathon, je les ai préférées à mes chaussures de compétition habituelles. Ce sont de véritables pantoufles, et pour preuve, je finirai ce marathon pour la première sans aucune douleur au niveau des pieds.
Le dimanche matin, le départ est assez tôt, 7h30, depuis la rue la plus longue du monde, Yonge street, et ses quelques 1000km. Nous en feront dix en ligne droite dans cette rue, globalement descendants. Je ne sais vraiment pas à quoi m’attendre, mais plutôt que de partir à un rythme assez lent, je préfère quand même avoir un bon pace, sans pour autant partir avec un temps en tête. Après tout, lorsqu’on aborde un marathon comme un gros objectif, on se doit de partir au pace prévu à la seconde près, il n’y a pas de place pour le risque. Mais lorsqu’on court de façon relaxe, et qu’on se fout du temps final, il n’y a pas de meilleur moment pour tenter des choses. Je vais donc profiter des descentes de la première moitié pour me laisser rouler, laisser les jambes courir toutes seules, sans vraiment essayer de les freiner. De toute façon, je n’ai pas de montre GPS, et les panneaux des kilomètres sont placés aléatoirement (un coup je ferai un kilomètre en 3’50’’, et un autre en 4’30’’). Ainsi, si le panneau des 5km disait vrai, j’y étais en 19’50’’. La suite, moins rapide, me fait passer en 1h29’ à la mi-parcours. Nous entrons alors dans un quartier à gros buildings, j’ai l’impression de courir à New York. Les jambes vont bien et roulent encore assez bien à 4’20’’/km sur le plat. En fait, c’est plutôt vers 28km que j’ai une petite baisse de motivation, car le parcours passe devant la ligne d’arrivée, et on se dit qu’on ne serait pas plus mal assis au bord de l’eau du lac Ontario. Au trentième kilomètre, je commence à chercher le panneau du kilomètre suivant, ce qui est mauvais signe. Je carbure au gel depuis une dizaine de kilomètre et mon estomac en a marre, je suis obligé de me rincer la bouche à l’eau claire à chaque ravitaillement.
Sur la piste cyclable, au bord du lac et mêlé aux autres coureurs du dimanche venus se défouler, la ballade torontoise a de l’allure. Mon pace diminue, sans surprise, mais c’est plutôt au kilomètre 36 qu’il s’effondre. Car le parcours n’est plus au bord de l’eau, mais sur un boulevard assez dégueulasse, et je commence à être à bout. D’un côté je me dis que c’était bien abruti de courir ça une semaine après mon demi à bloc, mais d’un autre côté je me dis que j’ai quand même bien couru sur 36km, que je vais finir aux alentours de3h05, que c’est le meilleur entrainement de course à pied du monde, et que je vais avoir une médaille de 6 kilos.
Ainsi, après avoir sollicité toutes mes ressources mentales, je boucle finalement en 3h07. A Montréal, dans cet état, j’avais tout donné pour garder le pace, mais ça m’avais pris une semaine avant de pouvoir marcher normalement. Là, je n’avais pas le cœur à me faire mal. Du coup, j’ai les jambes beaucoup moins brisées que d’habitude, tout en ayant couru à 9 minutes de mon record, autant dire que je suis très satisfait de cette journée qui se devait d’être le point final du travail en course à pied. Je rejoins Laurent à l’hôtel. Il a fini deuxième de la course en 2h43, et est retourné à l’hôtel faire la sieste sans même attendre la remise des prix. Tout un bonhomme. Du coup, nous « crissons » notre camp assez vite après l’obligatoire bain de glaçons.
A l’heure où j’écris ces lignes, je suis dans l’avion qui m’emmène pour trois semaines en France avec pour but de faire un mileage dégueulasse en vélo. Ce sera aussi le début de la saison de triathlon, avec deux courses de prévu, un mois avant le début de la saison québécoise. Il faut dire aussi que cet hiver, en ayant reçu sur la gueule dix fois ce qu’il est tombé dans le sud de la France depuis Jésus Christ, j’avais hâte de recommencer à nager à l’air libre.
GOODLIFE TORONTO MARATHON- 42,195KM
Temps : 3h07'33''
13,499km/h, 4'26''/km
55ème sur 1694 finishers
6ème homme 18-24 ans.
commenter cet article …